Je n'ai jamais revu
Je n'ai jamais revu cet enfant silencieux
Qui se lavait les yeux
La nuit
Dans les rivières
Je ne l'ai pas revu
Et ses amies les pierres
Ne m'ont rien dit tout bas
Il est près de la mer
Il s'est crevé les yeux
Il sort la nuit dans les clairières
Et tisse avec ses paupières
Des paniers pour les sourds
Paul Vincensini
Des paniers pour les sourds
EDOUARDO CHILLIDA
DEL HORIZONTE, 1956
Eloge de l'horizon
Côte de Gijon.
Les sculptures métalliques abstraites du Basque Eduardo Chillida entretiennent souvent un puissant rapport avec des phénomènes naturels, comme en témoignent ses célèbres « peignes du vent » érigés sur la côte près de San Sebastián. Le titre de cette œuvre pourrait faire allusion à ceux-ci. L’artiste s’intéressait de très près aux forces élémentaires du feu et de la chaleur qui ont donné naissance à cette sculpture. L’idée qui semble l’avoir le plus captivé ici est ce qui s’empare de l’espace et le circonscrit, l’infinie multiplicité des points de vue qui définissent la nature d’une sculpture en volume, et la distinguent d’un tableau bidimensionnel. Il s’agit dans le fond d’une sculpture sur la nature même de la sculpture, ce qui contribue à prêter à cette œuvre sa grande compacité et sa remarquable expressivité.