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Cher Endeuxmots,<br />
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Merci d'avoir pris le temps de nous exposer par le menu les malheureuses suites, prévisibles dans cette affaire, qui occupèrent votre période de Noël. Je défoncerais<br />
des portes ouvertes à dire que la situation décrite touche bien évidemment tous nos pays d'Europe.<br />
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Je vous souhaite encore bien des sourires d'enfants et des accolades de papas ou de mamans, là est bien l'essentiel.<br />
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ps : Sans trop m'avancer pour lui, je suis certain que J.J.Sempé vous a pardonné par avance votre intrusion, voire même qu'il en redemanderait !<br />
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Puisque vous me le demandez mais vous m'excuserez auprès de ce charmant couple dont je vais perturber le concert car mon intervention est pire qu'un roulement de batterie !<br />
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La famille dont je m'occupe est d'origine bosniaque réputée kosovare (??). Arrivé avec 2-3 enfants dans mon beau pays il y a 4 ans (donc pas réfugiés de guerre ! "in tempore non suspecto") . Sans<br />
argent, ni qualification et aucune connaissance de la langue. En attente de l'examen du dossier : 2 ans de logement social et soutien financier. Après 2 ans, transfert, la famille a grandi : 5<br />
puis 6 enfants et ce mois-ci +1 =7 . Décision (très tardive) des services d'immigration ce mois de novembre : ordre d'expulsion, famille en attente de retour forcé. Avocat > report de<br />
l'expulsion pour motif médical (vérifié OK , opération grave ce mois pour le papa) Depuis la situation est digne de Kafka : "un expulsé non-expulsable demeure sur le territoire national mais est<br />
privé de toute allocation de survie." Art 9bis ou 9ter au choix ! Bilan : Voilà un couple et 7 enfants dont deux scolarisés, sans aucune ressource. Le papa a dit : "Services sociaux eux<br />
dire : désolé !" Sic !! Heureusement le proprio du logement que je connais ne peut pas expulser ces gens (mais perd totalement ses loyers ce qui est injuste). Dans ma capitale, c'est pire, des<br />
familles claquent des dents en plein air. Ici : Mobilisation de l'école (laïque), de la Société de St Vincent de Paul (catho) et de quelques bonnes âmes (peu, de tout bord mais pas les<br />
voisins proches car eux atteints de cécité de confort). On paie, on achète de tout et on se remue face à l'indifférence totale de l'administration. L'élu local du parti qui a fait de ces<br />
désemparés son électorat n'a même pas daigné répondre à mon appel. La mosquée a ses pauvres (sic) restent donc ... les croisés ! Nous n'avons pas rameuté la Presse ni haussé la voix car ça peut<br />
avoir un effet pervers et donner un prétexte à l'Administration pour durcir le ton. <br />
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Conclusion : gestion bureaucratique de l'immigration qui débouche surtout par sa lenteur et son incohérence sur des drames humanitaires bien réels que l'on feint d'ignorer. Je conviens<br />
qu'il faut gérer les flux migratoires (9000 personnes par an !), avec rigueur et impartialité même, admettons, mais, s'il vous plaît, que celà se fasse dans des délais raisonnables, avec des<br />
critères précis et en respectant toujours la dignité humaine.<br />
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Le sourire des enfants et l'accolade des parents sont notre récompense et nous permettent de ne pas trop rougir de notre nationalité ! <br />
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Que Sempé me pardonne cette intrusion. Notez que j'ai confiance car ses dessins nous disent qu'il était un Monsieur très bien ! Comme vous, mon grand ami.<br />
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Votre fulgescent Endeuxmots.<br />
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Dites-nous, cher Endeuxmots, pendant que nous vous tenons, qu'est-il advenu de ces malheureux qui occupaient<br />
tous vos soins et votre attention pendant la période de Noël ?<br />