Dans un tout récent article citant un merveilleux aphorisme de Woody Allen, nous avons osé tenter une traduction, exercice hautement périlleux, mais à périllieux, mère rieuse comme on dit. De là à préciser, il n'y avait qu'un pas.
Traduttore, traditore. Traduire, c'est trahir.
« Mais que dirai-je d’aucuns, vraiment mieux dignes d’être appelés traditeurs que traducteurs ? vu qu’ils trahissent ceux qu’ils entreprennent exposer, les frustrant de leur gloire… »
Joachim du Bellay, Défense et illustration de la langue française, chapitre VI
Traduttore, traditore (« Traduire, c’est trahir », ou littéralement, « traducteur, traître ») est une expression italienne. Cette expression est
une paronomase
qui joue sur la ressemblance des deux mots; elle est souvent utilisée dans d’autres langues, en raison de sa concision et de ce jeu de mots.
Le fait de comparer un traducteur à un traître signifie que la traduction d’un texte d’une langue vers une autre ne peut jamais respecter parfaitement le texte de l’œuvre originale. Beaucoup de polyglottes préfèrent lire une œuvre en version originale car ils veulent la découvrir telle qu’elle a été créée par l’auteur. Dans un cas extrême, traduire un poème en le modifiant pour garder les rimes altère singulièrement l’œuvre du poète. Le linguiste français Georges Mounin a beaucoup travaillé sur ces « problèmes théoriques de la traduction ».
Le traducteur Pierre Leyris (qui a entre autres traduit l’œuvre d’Herman Melville) répond à cette critique en affirmant : « Traduire, c’est avoir l’honnêteté de s’en tenir à une imperfection allusive ».
photo©Cara Barer