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Poésie, Poésie pour enfant, Poésie pour la jeunesse, Textes classiques et modernes, Mémoire de la Shoah,

LINDA LEMAY. Pas de mot

 

 

Pour Christelle, tendrement.

 

 

 

 


Quand on perd ses parents, 
 on s'appelle orphelin 
 Quand on perd son épouse, 
 alors on s'appelle veuf 
 Quand on perd sa jeunesse, bien 
 entendu, c'est vieux que l'on devient 
 Mais quand on perd son gamin, 
 y a pas de mot 

 Il n'y a pas de nom pour décrire la mère, 
 Celle qui borde son garçon au cimetière, 
 Jamais un seul poète, un seul pasteur, 
 jamais un seul auteur 
 N'a eu assez de lettres 
 pour tant d'douleur 

 Quand on perd la raison, 
 bien sûr on s'appelle fou 
 Et puis on s'appelle pauvre à perdre 
 trop de sous 
 Quand on perd la mémoire, tout d'suite 
 on est qualifié d'amnésique 
 Mais y a des choses qu'aucun mot n'explique 
 On aura beau fouiller les plus vieux dictionnaires 
 Posséder le plus vaste des vocabulaires 
 Décortiquer Baudelaire, jusque

 sous terre,jusqu'à son dernier vers

  


 Il n'y a pas de mot, pas de manière 
 D'appeler le parent d'un enfant 
 qui n'est plus 
 Il n'y a pas de mot pour ça qui soit connu 

 Quand on perd ses parents, 
 on s'appelle orphelin 
 Quand on perd son mari, 
 alors on s'appelle veuve 
 Quand on perd son petit, 
 c'est évident, il n'y a pas de mot 

 Pourtant y en a des mots 
 qui nous émeuvent 
 Mais là, y en a aucun, y a vraiment 
 rien à dire 
 On ne sait même plus trop 
 si on a l'droit de vivre 
 Mais bon on vit quand même, on vit tout 
 simplement pour n'pas crever 
 On rit pour n'pas pleurer 
 des flots sans rive 

 Oui, on vit parc' que lui, 
 il n'pourra plus le faire 
 On vit parce qu'on s'dit que sans doute, 
 il en s'rait fier 

 Quand on sauve un enfant, 
 on s'appelle héros 
 Mais quand on en perd un, y a pas de mot 
 Pas de mot

 

 

Paroles et musique Linda LEMAY


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P
<br /> Je passais, je m'éloigne en pensant à tous ceux qui ont connu ce malheur.<br />
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