Nous poursuivons la publication d'extraits arbitrairement choisis
dans le Journal de Jules RENARD.
Dédicace spéciale à Les mots et les Marées.
9 août 1887.
Au bord de la mer
La mer monte, prend les rochers un à un, ensevelit celui-ci, lèche celui-là, écume sur cet autre et montre à travers son vert de bouteille, comme autant de monstres fantastiques pétrifiés, aux chevelures de varech.
Les crabes, galets marchant.
Sur le sable blanc surgit un phare comme un parfait au café sur une nappe.
Les rochers sont habités par les baigneuses qui trouvent le moyen de sortir, en costume de bain, de leur peignoir, sans que le curieux y voie goutte de chair.
Les trois-mâts : chênes mobiles, végétation de la mer.
Flocons d'écume. Il semble que le flot éclate comme un pétard sourd et lointain dont on ne verrait que la fumée.
L'odeur d'un coquillage putréfié suffit pour accuser toute la mer.
Des Chimères mordant leur queue en fleur de lys.
Jules RENARD
Journal, 1887
Les trois-mâts : chênes mobiles, végétation de la mer.
Edouard ADAM
Amiral Cécilie,
(1er quart du 20e) Musée d'Histoire de Saint-Malo