Jules Renard (1864-1910)
Membre de l'Académie Goncourt, auteur de romans (Ragotte), de nouvelles (Histoires naturelles) et de pièces de théâtre (Poil de Carotte, Le Pain de ménage), est particulièrement connu pour son « Journal », reflet de la vie littéraire et sociale de son époque.
Journal de l'année 1905. Extraits.
* * *
7 août.
Connaissez-vous un âne à vendre ?
-- Moi ! dit un pauvre homme en pleine détresse.
Et on l'aurait eu pour pas cher.
* * *
L'égalité, c'est de l'envie. Oui, mais nous la supprimerons en supprimant nos raisons d'orgueil.
* * *
La vitalité du chat qui a l'air si paresseux ! Ses oreilles et ses yeux travaillent toujours. Il a toujours en lui des bonds préparés et, sous lui, des griffes prêtes.
* * *
Comme homme, le Christ est admirable. Comme Dieu, il laisse dire : « Quoi ! C'est tout ce qu'il a pu faire ? »
9 août.
Dans le sol léger la charrue glisse comme un petit bateau.
* * *
Ils sont envieux, non pas du château, mais du voisin qui a réussi.
10 août.
La rêverie : le lierre de la pensée, qu'il étouffe.
* * *
Promenade. Toujours cette nature émouvante et ce mystère de la création.
Amitié de ces deux grands ormes isolés qui se ressemblent.
(…)
à suivre...