Poésie, Poésie pour enfant, Poésie pour la jeunesse, Textes classiques et modernes, Mémoire de la Shoah,
Erreurs
Je suis ravi de vous voir
bel enfant vêtu de noir.
- Je ne suis pas un enfant
je suis un gros éléphant.
Quel est cette femme exquise
qui savoure des cerises ?
- C'est un marchand de charbon
qui s'achète du savon.
Ah! que j'aime entendre à l'aube
roucouler cette colombe !
- C'est un ivrogne qui boit
dans sa chambre sur le toit.
Mets ta main dans ma main tendre
je t'aime ô ma fiancée!
- Je n'suis point vot' fiancée
je suis vieille et j'suis pressée
laissez-moi passer !
in Monsieur Monsieur, 1951
Le tombeau de Monsieur Monsieur
Dans un silence épais
Monsieur et Monsieur parlent
c'est comme si Personne
et Rien dialoguait.
L'un dit : Quand vient la mort
pour chacun d'entre nous
c'est comme si personne
n'avait jamais été.
Aussitôt disparu
qui vous dit que je fus ?
- Monsieur, répond Monsieur,
plus loin que vous j'irai :
aujourd'hui ou jamais
je ne sais si j'étais.
Le temps marche si vite
qu'au moment où je parle
(indicatif-présent)
je ne suis déjà plus
ce que j'étais avant.
Si je parle au passé
ce n'est pas même assez
il faudrait je le sens
l'indicatif-néant.
- C'est vrai, reprend Monsieur,
sur ce mode inconnu
je conterai ma vie
notre vie à tous deux :
A nous les souvenirs !
Nous ne sommes pas nés
nous n'avons pas grandi
nous n'avons pas rêvé
nous n'avons pas dormi
nous n'avons pas mangé
nous n'avons pas aimé.
Nous ne sommes personne
et rien n'est arrivé.
in Monsieur Monsieur, 1951