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Poésie, Poésie pour enfant, Poésie pour la jeunesse, Textes classiques et modernes, Mémoire de la Shoah,

CELAN. Il y avait de la terre en eux, et ils creusaient

 

 

 

 

Il y avait de la terre en eux, et

ils creusaient

 

 

Il y avait de la terre en eux et

ils creusaient

Ils creusaient et creusaient, tout le jour

toute la nuit. Et ils ne louaient pas Dieu

qui, leur disait-on, voulait tout ceci

qui, leur disait-on, savait tout ceci.

 

 

Ils creusaient et n'entendaient plus rien ;

ils ne devinrent pas sages, ne crièrent aucun chant,

n'entrevirent aucune langue nouvelle.

Ils creusaient.

 

 

Vint une accalmie, l'orage vint lui aussi,

et toutes les mers.

Je creuse, tu creuses et le ver lui aussi

et ce qui chante là-bas dit : ils creusent.

 

 

Ô un, ô nul, ô personne, ô toi :

où cela menait-il, qui allait nulle part ?

Ô tu creuses et je creuse et je me creuse vers toi

et au doigt s'éveille à nous l'anneau.

 

 

 

Paul CELAN

La rose de personne

Die Niemandsrose

 

 

 

 

Melancholia-Anselm-Kiefer-1988--.jpg 

Anselm KIEFFER

Melancholia, 1988

 

 

 

*

 

 

 

Celan c'est la nuit, c'est la nuit du voyant où l'on voit comme en plein jour ce que l'on ne voit pas en plein jour; c'est les nuages du ciel qui laissent glisser un peu de fumée des crématoires d'Auschwitz et déposent sur la terre un peu des  cendres.

Celan fait entendre sa voix à la mémoire des voix assassinées à Auschwitz.

(L.A.)

 

 


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N
<br /> Bonjour Catheau,<br /> <br /> Grand merci de votre passage et de votre témoignage.<br /> <br /> Les colères de Celan contre tout ce qui porte atteinte à la mémoire du désastre et à l’identité de ceux qui le subirent et l’assumèrent, sont les colères d’un homme qui refuse cette chute<br /> permanente dans l’oubli, chute qui fait le fond de ce monde-ci. Et s’il est une attitude qu’il récuse comme susceptible d’acquiescer à l’oubli, c’est celle d’un possible ralliement “à l’éthique”<br /> de la réconciliation, position que défendait notamment son amie la poétesse allemande Nelly Sachs « qui avait choisi un dieu de l’amour et cherchait le salut dans la poésie, là où Celan refusait<br /> le transfert religieux et espérait pouvoir « blasphémer jusqu’au bout » dans une fidélité militante à l’histoire. »<br /> <br /> <br /> Le poème publié aujourd’hui est le premier poème du recueil La rose de personne : « [...] ils creusaient, creusaient, ainsi / passa leur jour, leur nuit. Ils ne louaient pas Dieu / qui –<br /> entendaient-ils – voulait tout ça, / qui – entendaient-ils – savait tout ça. » (Il y avait de la terre en eux).<br /> Dans ce même recueil, c’est le poème Psaume, qui donne son titre au recueil :<br /> (...)«   Un rien<br /> nous étions,<br /> nous sommes, nous resterons, en fleur :<br /> la rose de rien, de personne.<br /> [die Nichts –, die Niemandsrose] » (...)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> Un "tombeau" de mots pour ceux qui "creusaient" pour les leurs, les morts sans sépulture. Poignant !<br />
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