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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 06:47

#516

 

 

 

 

La Musique

 

La musique souvent me prend comme une mer !

Vers ma pâle étoile,

Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,

Je mets à la voile 

 

La poitrine en avant et les poumons gonflés

Comme de la toile

J'escalade le dos des flots amoncelés

Que la nuit me voile ;

 

Je sens vibrer en moi toutes les passions

D'un vaisseau qui souffre ;

Le bon vent, la tempête et ses convulsions

 

Sur l'immense gouffre

Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir

De mon désespoir !

 

Charles Baudelaire in Les Fleurs du mal - Spleen et Idéal.

 

 

 

Note : On est saisi par le caractère éminemment métaphorique de ce texte. On sait Baudelaire grand admirateur de R.Wagner. Mais plutôt que d'analyser la musique qu'il écoute, le poète nous la donne à entendre par le rythme et les sonorités, et à voir, à travers l'image filée du flot musical qui l'emporte.

Et « la musique » n'est nommément présente que dans le titre…

 


 

Baudelaire et Turner

 

vapeur-dans-la-tempete-de-neige.1268604776.jpg 

Illustration : W.Turner. Le long, long titre est à découvrir ci-dessous...

 


Baudelaire a probablement découvert l’œuvre de Turner (1775-1851) lors de l'exposition universelle de Londres en 1851 tandis que la France ne la découvrit qu'à partir de 1876. Comment n'aurait-il d'ailleurs pas aimé la sauvagerie des éléments naturels, l'or des soirs et des matins, les départs, funérailles, nocturnes éclaboussés d'incendies, (celui du Parlement de Londres), les naufrages, tempêtes et autres avalanches.

Romantique, original à réputation d’excentrique, Joseph Mallord William Turner pouvait conter des fables  jusque dans les titres de ses tableaux comme ce "Tempête de neige : bateau à vapeur au large d'un port faisant des signaux et avançant à la sonde en eau peu profonde. L'auteur se trouvait dans cette tempête la nuit où l'Ariel quitta Harwich". Ouf !

Avec ce titre à rallonge, Turner ajoute en 1842  sa touche de pathos pour faire  plus "vrai" en laissant croire qu'il aurait embarqué sur le navire "Ariel" qui n'a jamais existé (inconnu sur les registres maritimes) et s'y serait fait attacher  quatre heures durant au mât de misaine pour mieux observer la tempête...(alors qu'il avait 68 ans et mourra 9 ans plus tard...).

 

 

turner_port_ruysdael_1827.1268776306.jpg

Illustration : W.Turner. Port Ruysdael. 

 

 


Les commentaires sur Turner sont inspirés d’un savant et réjouissant article de monsieur Philippe Rillon paru dans Le Monde.


 

 

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