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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 10:51

 

 

Pour Axel    

Poème déjà publié le 20 décembre 2010.     

 

 

l-horloge.jpg

 

 

L’Horloge.

 

 

Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,

Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi !

Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi

Se planteront bientôt comme dans une cible ;

 

Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon

Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ;

Chaque instant te dévore un morceau du délice

A chaque homme accordé pour toute sa saison.

 

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde

Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix

D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,

Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

 

Remember ! Souviens-toi ! Prodigue ! Esto memor !

(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)

Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues

Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !

 

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide

Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C'est la loi.

Le jour décroît ; la nuit augmente ; souviens-toi !

Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.

 

Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,

Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,

Où le Repentir même (oh ! la dernière auberge !),

Où tout te dira Meurs, vieux lâche ! Il est trop tard !"

 

 

 

Charles BAUDELAIRE  

Les Fleurs du Mal.

-1861- Poème LXXXV de la section « Spleen et Idéal ».


 

2010.png

      L'horloge du beffroi de Douai le 20 décembre 2010 à 11h40.


 

Note : « L'Horloge » clôt la longue série de poèmes consacrés au Temps : « L'Ennemi », « Chant d'automne », « Spleen », « Le Goût du néant ». Ce poème marque l'aboutissement d'un parcours qui sanctionne l'échec de l'Idéal et la victoire du Spleen.


 

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commentaires

N
<br /> Cher Axel,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Heureuse initiative, heureux choix que vous nous faites partager. Un des très rares sonnets où Baudelaire ouvre un coin de ciel "bleu<br /> mystique" au travers de ces vers presque platoniciens, où la mort est "rose et bleu"...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> A très bientôt et bonne journée, cher Axel.<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> Chère Christine,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci de nous donner ces mots de Pierre Reverdy dont on trouvera ici quelques poèmes.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci de votre présence sur Nuage et à bientôt le plaisir de vous lire. Amitiés.<br />
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A
<br /> Bonjour Cher Nuageneuf,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je suis confus d’une telle délicatesse.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En mes vertes années j’avais commis une petite plage musicale autour d’un autre poème de Baudelaire. A la réécoute cela prête un peu à sourire…  Mais bon, ce conserve ces instants comme des<br /> souvenirs privilégiés.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C’est toujours écoutable – et même téléchargeable – à cette adresse : http://www.lastfm.fr/music/Quantom%2B1%252B3<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> LA MORT DES AMANTS<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, <br /> <br /> <br /> Des divans profonds comme des tombeaux, <br /> <br /> <br /> Et d'étranges fleurs sur des étagères, <br /> <br /> <br /> Écloses pour nous sous des cieux plus beaux. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, <br /> <br /> <br /> Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux, <br /> <br /> <br /> Qui réfléchiront leurs doubles lumières <br /> <br /> <br /> Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Un soir fait de rose et de bleu mystique, <br /> <br /> <br /> Nous échangerons un éclair unique, <br /> <br /> <br /> Comme un long sanglot tout chargé d'adieux ; <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et plus tard un ange, entr'ouvrant les portes, <br /> <br /> <br /> Viendra ranimer, fidèle et joyeux, <br /> <br /> <br /> Les miroirs ternis et les flammes mortes. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Très bonne journée à vous.<br />
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C
<br /> PENDULE<br /> <br /> <br /> Dans l'air chaud du plafond la rampre des rêves s'allume.<br /> <br /> <br /> Les murs blancs se sont arrondis. La poitrine oppressée souffle des mots confus. Dans la glace, tourne le vent du sud chargé de feuilles et de plumes. La fenêtre est bouchée. Le coeur est à peu<br /> près éteint parmi les cendres déjà froides de la lune - les mains sont sans abri- tous les arbres couchés. Dans le vent du désert les aiguilles s'inclinent et mon heure est passée.<br /> <br /> <br /> Pierre Reverdy - Sable mouvant, Au soleil du plafond 1955<br />
Répondre
L
<br /> la victoire du spleen,<br /> <br /> <br /> la victoire de l'angoisse du Temps<br />
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