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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 05:13

 

 

 

Si je mourais là-bas …

 

 

Si je mourais là-bas sur le front de l’armée

Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée

Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt

Un obus éclatant sur le front de l’armée

Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

 

Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace

Couvrirait de mon sang le monde tout entier

La mer les monts les vals et l’étoile qui passe

Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace

Comme font les fruits d’or autour de Baratier

 

Souvenir oublié vivant de toutes choses

Je rougirais le bout de tes jolis seins roses

Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants

Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses

Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

 

Le fatal giclement de mon sang sur le monde

Donnerait au soleil plus de vive clarté

Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde

Un amour inouï descendrait sur le monde

L’amant serait plus fort dans ton corps écarté

 

Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie

 - Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie

De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur –

Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur

Et sois la plus heureuse étant la plus jolie


 

Ô mon unique amour et ma grande folie

 

                                                           30 janvier 1915, Nîmes.

 


   La nuit descend

   On y pressent

   Un long un long destin de sang

 

 

 

Guillaume APOLLINAIRE, 1880  - 1918 

Poèmes à Lou


 

 

 

Picabia-Les-seins-1924-27.jpg

...Et sois la plus heureuse étant la plus jolie...

 

Picabia

Les seins, 1924-1927   

 

 

*    *    *


Louise de Coligny Chatillon 

Poèmes à Lou est un ensemble disparate de morceaux retrouvés après la mort du poète, et arbitrairement réunis en 1925. "Poèmes à Lou", écrit en 1914-1915, constitue le témoignage poétique d'une passion impétueuse, libertine et cérébrale qu' Apollinaire éprouvait pour Louise de Coligny-Châtillon, dite Lou, une belle aristocrate rencontrée à Nice en 1914. Elle fera languir son prétendant amoureux fou d'elle sans jamais céder (?). Apollinaire s'engage alors dans le régiment d'artillerie de Nîmes. Mais sa vie dans les tranchées lui inspirera une correspondance passionnée, à laquelle Lou succombera. A Apollinaire ou à la correspondance ? The choice is yours. 

... est un ensemble hétéroclite de morceaux retrouvés après la mort du poète, et arbitrairement réunis en 1925. Ils 

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commentaires

E
<br /> Très bien vu Cédric !<br /> <br /> <br /> Encore deux pour la route : en wallon liégeois, une "betchette" est une petite chose, par exemple : une petite portion , une petite aspérité.  'I betch" signifie on n'en<br /> est pas loin, on s'en approche.<br /> <br /> <br /> C'est vrai que Liège se situe à moins de vingt kilomètres du Limbourg flamand. <br /> <br /> <br /> Très heureux que mon intervention régionaliste ait suscité tant d'intérêt !<br />
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C
<br /> A noter le "on betch" tout droit venu du néerlandais  "een beetje" = un peu...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> De la beauté des mélanges... ;-)<br />
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L
<br /> d'autant que ces patois diffèrent d'un village à l'autre, le picard restant la référence.<br /> <br /> <br /> En passant, le dialecte picard est en fait la survivance du vieux langage français (d'Ile de France) du Moyen-Age. Nombre de mots n'ont pas connu l'évolution phonétique qui les amènent à se<br /> prononcer tel qu'on les connaît aujourd'hui.<br /> <br /> <br /> Comme le quebecois est plus proche des origines de la langue, le picard ou patois est plus proche des origines, ou plutôt de l'histoire, de notre langue.<br /> <br /> <br /> Pour exemple : caballus (latin, cheval) : le nord continue à prononcer le son [K], alors qu'ailleurs, ce son évolue dans la langue en [ch] (alphabet non phonétique). D'où les kiens et les kats<br /> d'ichi... ;)<br /> <br /> <br /> Bien à vous...<br />
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N
<br /> Cher Endeuxmots,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Voilà qui s'appelle un commentaire particulièrement travaillé !<br /> <br /> <br /> Grand merci de faire partager sur Nuageneuf tout ce savoir, traduction suave en sus !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je vais dès que possible inclure votre texte dans un article, car je crains que les commentaires ne soient pas particulièrement lus. Les idiomes, les patois sont du<br /> plus grand intérêt. Ici, les poètes patoisants du Nord Pas de Calais sont légions mais jusqu'alors, je n'ai pas osé publier certains de ces poèmes savoureux qui se transmettent de parents à<br /> enfants et ainsi de suite...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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E
<br /> Wilhelm de Kostrowitzky, futur Guillaume<br /> Apollinaire, à l'âge de 19 ans, vécut à Stavelot (Belgique à environ 40 km de Liège ndlr), en compagnie de son frère<br /> Albert, pendant l'été 1899. Pendant que sa mère (aristocrate polonaise) passe ses journées au casino de Spa,<br /> le jeune homme découvre Stavelot, sa région et… l'amour en la personne de Maria Dubois, pour laquelle il rédigera son seul poème en<br /> wallon : Mareye. N'ayant pas reçu l'argent que sa mère devait lui envoyer, il quitta l'auberge (l' Auberge du<br /> mal-Aimé , Rue Neuve ndlr ) sans payer, le 5 novembre 1899.<br /> <br /> <br /> Il décrivit aussi la région dans un poème : Fagnes de Wallonie.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Voici le texte et sa traduction : <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Mi crapôde, dji vos inme et vos l'sèpez Marèye,<br /> Al rôze fleur di l'osté, vis estez m'fleur parèye<br /> Rabressez mu ! Dnez mu, Marèye, on betch d'amoûr<br /> E walon m'binameye, è walon, dji vz preye.<br /> I m'fat todi warder divin vosse pitit coûr.<br /> Elle est si trisse li veye, s'i fat k'nost amoûr moûrt.<br /> Mon amoureuse, je vous aime et vous le savez Marie,<br /> <br />   Lorsqu’en été fleurit la rose vous étiez tout autant ma fleur.<br /> <br /> <br />   Embrassez-moi ! Donnez-moi, Marie, un peu d’amour<br /> <br /> <br /> En wallon ma bien aimée, en wallon, je vous en prie.<br /> <br /> <br /> Je veux toujours demeurer dans votre petit coeur.<br /> <br /> <br /> Si triste serait la vie si notre amour devait mourir. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Notez l'expression croustillante typique du wallon liégeois "Mi crapôde" qui se prononce : "Mi crapaude" et<br /> signifie "Mon amoureuse" . Les langues régionales ont une saveur intraduisible . <br /> <br /> <br /> Le wallon est la langue ancestrale du peuple wallon. Il se parle dans le sud de la Belgique. Il existe<br /> différentes variantes régionales :liégeois, namurois, carolorégien, ... Le français est enseigné et parlé dans toute la Wallonie mais quelques amoureux du wallon essaient d'assurer sa survie en<br /> organisant des cours, réunions et spectacles. Lors de réunions ou banquets il se trouve souvent un convive (âgé) pour raconter une histoire en wallon. Certains expressions déclenchent<br /> invariablement l'hilarité :<br /> <br /> <br /> "Il a potchî fou d'ses clicotes !" = " Il est sorti de ses gonds" littéralement "Il a sauté hors de ses hardes"<br /> donc s'est emporté violemment.<br /> <br /> <br /> "Rawaut' hein valet !" = " N'exagérez-pas mon brave !"<br /> <br /> <br /> "C'ès't une cureye !" = "C'est une carne !" càd une garce dont il convient de se méfier <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Avou tot mes amitiés a turtos !<br />
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