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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 06:43

#520

 

 

 

Le Lis, l’amaryllis, le volubilis,

la mélisse etc…

 

 

 

Monsieur de la Palice,


Dégourdi sans malice,


Cultive avec délices


Les lis, les amaryllis


Et les volubilis,


La réglisse pour Alice :


Méli, mélilot, mélisse.

 

Robert DESNOS in Chantefleurs.

 

amaryllis.jpg

L'amaryllis

petrea_volubilis2.jpg

Les volubilis

melilotus_albus_white_melilot_close_large.jpg

Le mélilot

 

 

 

 

- Ah oui, M'sieur Desnos, vos poèmes sont un délice !...

 

 


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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 06:45

#514

 

 

Les hiboux

 

Ce sont les mères des hiboux

Qui désiraient chercher les poux

De leurs enfants, leurs petits choux,

En les tenant sur les genoux.

 

Leurs yeux d'or valent des bijoux

Leur bec est dur comme cailloux,

Ils sont doux comme des joujoux,

Mais aux hiboux point de genoux !

Votre histoire se passait où ?

 

Chez les Zoulous ? Les Andalous ?

Ou dans la cabane bambou ?

A Moscou ? Ou à Tombouctou ?

En Anjou ou dans le Poitou ?

Au Pérou ou chez les Mandchous ?

 

Hou ! Hou !

Pas du tout, c'était chez les fous.

 

 

eva_joly_lunettes_rouges.jpg 

Hou ! Hou !

...Pas du tout, c’était chez les fous.


 

- Attention les petits zenfants ! La photo ci-dessus ne représente pas "la mère des hiboux" comme on pourrait le croire. Pas du tout... Pas du tout...

 

 

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 06:44

#476

 

Robert Desnos nous a quitté le 8 juin 1945.

 


lanuitstellaire-van-gogh.jpg

 

 

Illustration : La nuit stellaire. Vincent VAN GOGH -1889 -

 


 

A la faveur de la nuit

 

 

Se glisser dans ton ombre à la faveur de la nuit.

Suivre tes pas, ton ombre à la fenêtre.

Cette ombre à la fenêtre c'est toi, ce n'est pas une autre, c'est toi.

N'ouvre pas cette fenêtre derrière les rideaux de laquelle tu bouges.

Ferme les yeux.

Je voudrais les fermer avec mes lèvres.

Mais la fenêtre s'ouvre et le vent, le vent qui balance bizarrement

la flamme et le drapeau entoure ma fuite de son manteau.

La fenêtre s'ouvre : ce n'est pas toi.

Je le savais bien.

 

Robert Desnos in A la Mystérieuse, 1926


  

Note :

Une synthèse de la vie de Desnos à compter du jour de son arrestation.

Son arrestation :

Robert Desnos est arrêté un matin, le 22 février 1944 par la Gestapo. Il est d'abord emprisonné à Fresnes, puis interné dans le camp de Compiègne du 20 mars au 27 avril 1944. En fait, il s’agit du camp de Royallieu.

Il fait partie d'un convoi N° 71 qui arrive à Auschwitz le 30 avril 1944. Il est ensuite déporté vers le camp de Buchenwald (12 au 14 mai 1944), puis sera déplacé vers Flossenburg le 25 mai, puis vers le kommando de Flöha, en Saxe (usine Messerschmitt).

 

Le camp de Royallieu  (sources : l’Amicale des Déportés Tatoués du 27 avril 1944)

Situé dans un faubourg de Compiègne, le camp de Royallieu est l'un des deux principaux centres français de régulation pour la déportation. Il est destiné aux prisonniers politiques, alors que celui de Drancy est réservé aux Juifs.

 

 

Est déclaré prisonnier "politique" toute personne arrêtée pour faits de résistance, appartenance à des partis ou groupements dissous, auditeurs de la radio anglaise, détenteurs d'armes, otages ou malchanceux pris dans des rafles.

 

 

Le camp de Royallieu avait été aménagé par l'armée française avant 1914. Il avait servi d'hôpital militaire pendant la Grande Guerre, puis à nouveau en 1939-40. De juin 1940 à juin 1941, baptisé Frontstalag 122, il accueillait des prisonniers de guerre français.

 

 

Passé ensuite sous le contrôle de la Sicherheitsdienst, il servit de réservoir dans lequel était puisée une partie des otages fusillés par les nazis. Le premier convoi de déportés (convoi N°1) part le 27 mars 1942, avec à son bord 1.112 Juifs, il ne comprend que des hommes. 22 reviendront en 1945. (le dernier convoi, de 300 détenus, part le 26 août 1944 sera libéré par les Alliés à Péronne).

 

 

De mars 1942 à août 1944,  53.787 hommes et femmes ont transité par Royallieu. Vers 14 heures, le 26 avril 1944, a lieu un appel en vue de constituer le convoi qui doit partir le lendemain. 1.700 détenus sont désignés, sans distinction de condition ni d'âge. Lorsqu'ils se préparent fébrilement puis sont rassemblés dans la zone C du camp, ils ne connaissent pas encore leur terrible destination. Quelques-uns signent un formulaire imprimé à destination de leurs proches : "Je suis transféré dans un autre camp, ne m'envoyez plus de colis, attendez ma nouvelle adresse"...

 

 

Au matin du 27 avril, chacun reçoit une boule de pain et un saucisson. La colonne qui se constitue traverse Compiègne derrière un officier SS. Des civils, apeurés et effondrés, osent braver l'interdiction pour faire un dernier adieu aux déportés. En gare de marchandises, on fait s'entasser avec violence les prisonniers dans des wagons à bestiaux. La surpopulation est telle que l'air devient rapidement surchauffé et irrespirable. Il faut se battre pour accéder à tour de rôle aux lucarnes garnies de barbelés et y respirer l'air frais. Suivent quatre jours et trois nuits d'un hallucinant voyage vers la Pologne. Soif, asphyxie et démence transforment certains wagons en cercueils ou cellules d'aliénés. Certains boivent leur urine, d'autres, rendus fous par la souffrance, veulent tuer leurs camarades et ne sont maîtrisés qu'à grand-peine. Les plus forts doivent imposer un semblant de discipline pour éviter le pire. Le 30 avril en fin d'après-midi, le convoi décharge sa marchandise humaine sur un quai apparemment en rase campagne.

 

Sa libération :

Le 14 avril 1945 sous la pression des armées alliées, le kommando de Flöha est évacué. Le 15 avril,  57 d'entre eux sont fusillés. Vers la fin du mois d'avril la colonne est scindée en deux groupes : les plus épuisées - dont Desnos - sont acheminés jusqu'à Térézin (Théresienstadt), en Tchécoslovaquie. A Térézin, hospitalisé et soigné avec des moyens de fortune, Desnos est reconnu par ses soignants : Josef Stuna  et Aléna Tesarova. Celle-ci évoque ainsi l'instant où Desnos entendit prononcer son nom :  « Le 4 juin, vers 5 heures du matin, un nom me rejeta dans l'avant-guerre : mon collègue, qui travaillait cette nuit pour la première fois à la baraque voisine de la nôtre, vint m'annoncer qu'il existait, parmi les malades, un certain Desnos. Comme on lui demandait s'il connaissait le poète français Robert Desnos, il répondit : « Oui, oui ! Robert Desnos, poète français, c'est moi ! C'est moi ! »

 desnos2

 

 

 

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 06:49

 

 

 

Isabelle et Marie

 


Isabelle rencontra Marie au bas de l'escalier :

«Tu n'es qu'une chevelure ! lui dit-elle.

- et toi une main.

- main toi-même, omoplate !

- omoplate ? c'est trop fort, espèce de sein !

- langue ! dent ! pubis !

- oeil !

- cils ! aisselle ! rein !

- gorge !... oreille !

- oreille ? moi ? regarde-toi, narine !

- non mais, vieille gencive !

- doigt !

- con !»

 

 

Robert DESNOS in Langage cuit, 31 mai 1923

 

 

 


 

 

 

paravent aux nus-1960-

Bernard BUFFET. Paravent aux nus, 1960.

 

 

 


 

les poèmes déjà publiés de Robert Desnos sont ici


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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 06:54

 

 

Dans bien longtemps

 

Dans bien longtemps je suis passé par le château des feuilles

Elles jaunissaient lentement dans la mousse

Et loin les coquillages s’accrochaient désespérément

Aux rochers de la mer

Ton souvenir ou plutôt ta tendre présence était à la

Même place

Présence transparente et la mienne

Rien n’avait changé mais tout avait vieilli en même

Temps que mes tempes et mes yeux

N’aimez-vous pas ce lieu commun? Laissez-moi laissez-

Moi c’est si rare cette ironique satisfaction

Tout avait vieilli sauf ta présence

Dans bien longtemps je suis passé par la marée du jour

Solitaire

Les flots étaient toujours illusoires

La carcasse du navire naufragé que tu connais - tu te

Rappelles cette nuit de tempête et de baisers ? - était-

Ce un navire naufragé ou un délicat chapeau de

Femme roulé par le vent dans la pluie du printemps ?

- était à la même place

Et puis foutaise larirette dansons parmi les prunelliers !

Les apéritifs avaient changé de nom et de couleur

Les arcs-en-ciel qui servent de cadre aux glaces

Dans bien longtemps tu m’as aimé.

 


 

Robert DESNOS in Les Ténèbres, poème XX. A la mystérieuse (recueil Corps et Biens)

 


 

 

90 peintures, dessins et céramiques de Kees VAN DONGEN (1877-1968) sont exposées jusqu’au 17 juillet 2011 au Musée d’art moderne de Paris 16e. On choisit ici d’illustrer le poème de Desnos de manière totalement subjective par les toiles qui suivent :

 

Van-Dongen.jpg 

...Présence transparente...

 

Femme sous un chapeau vert. -1905-

 

 

 

Van-Dongen-La-cafe-Florian-a-Venise-1921.jpg 

...tout avait vieilli sauf ta présence...

 

Le café Florian à Venise – 1921 –

 

 

 

Van-Dongen-Les-escarpins-mauves-1921.jpg 

...Dans bien longtemps tu m’as aimé.

 

 

Les escarpins mauves – 1921 -


 




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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 06:52

 

 

 

 

 

Je crois encore au merveilleux de l’amour, je crois à la réalité des rêves.

 

 

 

Robert DESNOS

 La liberté ou l’amour  -1924 -

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 07:32

 

Si tu savais

 

Loin de moi et semblable aux étoiles et à tous les accessoires

de la mythologie poétique,

Loin de moi et cependant présente à ton insu,

Loin de moi et plus silencieuse encore parce que je t’imagine sans cesse,

Loin de moi, mon joli mirage et mon rêve éternel, tu ne peux pas savoir.

Si tu savais.

Loin de moi et peut-être davantage encore de m’ignorer et m’ignorer encore.

Loin de moi parce que tu ne m’aimes pas sans doute ou ce qui revient au même,

que j’en doute.

Loin de moi parce que tu ignores sciemment mes désirs passionnés.

Loin de moi parce que tu es cruelle.

Si tu savais.

Loin de moi, ô joyeuse comme la fleur qui danse dans la rivière

au bout de sa tige aquatique, ô triste comme sept heures du soir

dans les champignonnières.

Loin de moi silencieuse encore ainsi qu’en ma présence et joyeuse encore

comme l’heure en forme de cigogne qui tombe de haut.

Loin de moi à l’instant où chantent les alambics, l’instant où la mer silencieuse et bruyante

se replie sur les oreillers blancs.

Si tu savais.

Loin de moi, ô mon présent présent tourment, loin de moi au bruit magnifique

des coquilles d’huîtres qui se brisent sous le pas du noctambule,

au petit jour, quand il passe devant la porte des restaurants.

Si tu savais.

Loin de moi, volontaire et matériel mirage.

Loin de moi c’est une île qui se détourne au passage des navires.

Loin de moi un calme troupeau de bœufs se trompe de chemin,

s’arrête obstinément au bord d’un profond précipice, loin de moi, ô cruelle.

Loin de moi, une étoile filante choit dans la bouteille nocturne du poète.

Il met vivement le bouchon et dès lors il guette l’étoile enclose dans le verre,

il guette les constellations qui naissent sur les parois, loin de moi,

tu es loin de moi.

Si tu savais.

Loin de moi une maison achève d’être construite.

Un maçon en blouse blanche au sommet de l’échafaudage chante une petite chanson très triste

et, soudain, dans le récipient empli de mortier apparaît le futur de la maison :

les baisers des amants et les suicides à deux et la nudité dans les chambres

des belles inconnues et leurs rêves même à minuit, et les secrets voluptueux

surpris par les lames de parquet.

Loin de moi,

Si tu savais.

Si tu savais comme je t’aime et, bien que tu ne m’aimes pas, comme je suis joyeux,

comme je suis robuste et fier de sortir avec ton image en tête, de sortir de l’univers.

Comme je suis joyeux à en mourir.

Si tu savais comme le monde m’est soumis.

Et toi, belle insoumise aussi, comme tu es ma prisonnière.

Ô toi, loin-de-moi, à qui je suis soumis.

Si tu savais.

 

Robert DESNOS in Corps et Biens.

 

 

 

ingres-odalisque-louvre

 

(...)et la nudité dans les chambres

des belles inconnues(...)

 

 


Illustration : INGRES. La Grande Odalisque – 1874 -
(commande de Caroline Murat, sœur de Napoléon Ier et reine de Naples)
 

 



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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 07:14

 

 

 

Non, l'amour n'est pas mort

 

Non, l'amour n'est pas mort en ce coeur et ces yeux et cette bouche qui proclamait ses funérailles commencées.

Écoutez, j'en ai assez du pittoresque et des couleurs et du charme.

J'aime l'amour, sa tendresse et sa cruauté.

Mon amour n'a qu'un seul nom, qu'une seule forme.

Tout passe. Des bouches se collent à cette bouche.

Mon amour n'a qu'un nom, qu'une forme.

Et si quelque jour tu t'en souviens

Ô toi, forme et nom de mon amour,

Un jour sur la mer entre l'Amérique et l'Europe,

À l'heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues, ou bien une nuit d'orage sous un arbre dans la campagne, ou dans une rapide automobile,

Un matin de printemps boulevard Malesherbes,

Un jour de pluie,

À l'aube avant de te coucher,

Dis-toi, je l'ordonne à ton fantôme familier, que je fus seul à t'aimer davantage et qu'il est dommage que tu ne l'aies pas connu.

Dis-toi qu'il ne faut pas regretter les choses: Ronsard avant moi et Baudelaire ont chanté le regret des vieilles et des mortes qui méprisèrent le plus pur amour,

Toi, quand tu seras morte,

Tu seras belle et toujours désirable.

Je serai mort déjà, enclos tout entier en ton corps immortel, en ton image étonnante présente à jamais parmi les merveilles perpétuelles de la vie et de l'éternité, mais si je vis

Ta voix et son accent, ton regard et ses rayons,

L'odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d'autres choses encore vivront en moi,

En moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire,

Moi qui suis Robert Desnos et qui, pour t'avoir connue et aimée,

Les vaux bien.

Moi qui suis Robert Desnos, pour t'aimer

Et qui ne veux pas attacher d'autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable.

 

 

in À la Mystérieuse - l926 -

 

 


gustave-caillebotte.jpg

 

(...)Un matin de printemps boulevard Malesherbes,

Un jour de pluie,(...)


 

 


Illustration Gustave Caillebotte. Rue de Paris, Temps de pluie. - 1876 -

 



 

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 08:07

 

 

Robert DESNOS publie La liberté ou l'amour en 1924. Extraits :

 


 

Je crois encore au merveilleux de l’amour,

je crois à la réalité des rêves.


 

Je ne crois pas en Dieu, mais j'ai le sens de l'infini.


 

L'univers meurt chaque fois que meurt un homme.


 

Les dents des femmes sont des objets si charmants qu'on ne devrait les voir qu'en rêve ou à l'instant de la mort.


 

 

icare.matisse.jpg

Je ne crois pas en Dieu, mais j'ai le sens de l'infini.

 

 

Illustration : La chute d'Icare de Henri Matisse - 1943 -

Matisse rapporte un dialogue avec une nonne de la chapelle de Vence qui lui demanda  «Croyez-vous en Dieu ?» et à laquelle il répond « Oui, quand je travaille».

 


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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 08:03

 

 

Pas vu çabouche-fashion-

 

 

Pas vu la comète

Pas vu l’étoile

Pas vu tout ça

 

Pas vu la mer en flacon

Pas vu la montagne à l’envers

Pas vu tant que ça

 

Pas vu deux beaux yeux

Vu une belle bouche éclatante

Vu bien mieux que ça. 

 

 

Robert DESNOS.

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