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15 juillet 2012 7 15 /07 /juillet /2012 05:45

youki et desnos 

YOUKI et Robert DESNOS    

 

 

Lettre à Youki

 

 

 

 

15 juillet 1944.

 

 

 

Mon Amour,


Notre souffrance serait intolérable si nous ne pouvions la considérer comme une maladie passagère et sentimentale. Nos retrouvailles embelliront notre vie pour au moins trente ans. De mon côté, je prends une bonne gorgée de jeunesse, je reviendrai rempli d'amour et de forces ! Pendant le travail un anniversaire, mon anniversaire fut l'occasion d'une longue pensée pour toi. Cette lettre parviendra-t-elle à temps pour ton anniversaire? J'aurais voulu t'offrir 100 000 cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l'appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous. En mon absence achète toujours les fleurs, je te les rembourserai. Le reste, je te le promets pour plus tard.

 

Mais avant toute chose bois une bouteille de bon vin et pense à moi. J'espère que nos amis ne te laisseront pas seule ce jour. Je les remercie de leur dévouement et de leur courage. J'ai reçu il y a une huitaine de jours un paquet de J.-L. Barrault. Embrasse-le ainsi que Madeleine Renaud, ce paquet me prouve que ma lettre est arrivée. Je n'ai pas reçu de réponse, je l'attends chaque jour. Embrasse toute la famille, Lucienne, Tante Juliette, Georges. Si tu rencontres le frère de Passeur, adresse-lui toutes mes amitiés et demande-lui s'il ne connaît personne qui puisse te venir en aide. Que deviennent mes livres à l'impression? J'ai beaucoup d'idées de poèmes et de romans. Je regrette de n'avoir ni la liberté ni le temps de les écrire Tu peux cependant dire à Gallimard que dans les trois mois qui suivront mon retour, il recevra le manuscrit d'un roman d'amour d'un genre tout nouveau. Je termine cette lettre pour aujourd'hui.


Aujourd'hui 15 juillet, je reçois quatre lettres, de Barrault, de Julia, du Dr Benet et de Daniel. Remercie-les et excuse-moi de ne pas répondre. Je n'ai droit qu'à une lettre par mois. Toujours rien de ta main, mais ils me donnent des nouvelles de toi; ce sera pour la prochaine fois. J'espère que cette lettre est notre vie a venir. Mon amour, je t'embrasse aussi tendrement que l'honorabilité l'admet dans une lettre qui passera par la censure. Mille baisers. As-tu reçu le coffret que j'ai envoyé à l'hôtel de Compiègne ?

Robert

 

 

note : lettre écrite par R.DESNOS depuis le camp de Royallieu, où il est prisonnier en attente de départ et ma déportation vers l'Allemagne.

 

 


Foujita--Youki.jpg

 

FOUJITA

Youki

 

 

 

 

Lucie Badoud, baptisée Youki par Foujita et appelée "la sirène" par Desnos, est née en 1903 à Paris.

Jeune, elle devint une des reines de Montparnasse grâce entre autre à la toile Nu allongé du peintre japonais Foujita. Elle eut d'ailleurs le coup de foudre pour le peintre à qui elle servit de modèle à de nombreuses reprises et dont elle devint la maîtresse. C'est Foujita qui la baptisa Youki, qui signifie neige rose en japonais.

Quand Youki fit la connaissance de Robert Desnos, elle était toujours la compagne de Foujita. C'était en 1928. Desnos devint un très bon ami du couple mais tomba profondément amoureux de Youki, se rapprochant de plus en plus d'elle tout en s'éloignant d'Yvonne George dont l'amour ne fut jamais partagé.

Foujita.-Au-cafe.-1949.jpg

FOUJITA

 Au café, 1949

 

Bientôt, ce devint un triangle amoureux, Foujita se rendant bien compte des sentiments qui liaient Youki et Desnos. Mais Foujita trouva un nouvel amour en la personne de la jeune et jolie Mady Dormans. Il quitta Youki en lui disant qu'il la laissait entre de belles mains et qu'il pouvait partir confiant, la sachant auprès de Desnos. Youki aurait, tant qu'à elle, souhaité garder ses deux amants et accepta difficilement l'abandon de Foujita.

Desnos gagna le coeur de sa "sirène" mais fut plutôt malheureux dans cette relation, Youki étant reconnue pour être volage et assez écervelée. Plusieurs des poèmes de Desnos racontent sa tristesse, ses attentes et ses espoirs envers Youki. 

Desnos lui fut toujours fidèle et durant sa déportation, il ne cessa de lui écrire des lettres d'espoir...

 

 

Les 33 poèmes de Robert Desnos déjà publiés sont ici

 


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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 04:55

      4 juillet 2012

 

 

 

Robert Desnos naît le 4 juillet 1900. Il aurait 112 ans aujourd'hui.

Heureux anniversaire, monsieur Desnos !

On connait sa fin tragique, nous l'avons évoquée plusieurs fois déjà.

Voici son dernier poème,

 composé et écrit au camp de Compiègne-Royallieu.       


 

 

Sol de Compiègne !    

 

 

CHŒUR (très pressé et comme se chevauchant)
Craie et silex et herbe et craie et silex
Et silex et poussière et craie et silex
Herbe, herbe et silex et craie, silex et craie
(ralenti)
Silex, silex et craie
Et craie et silex
Et craie...

UNE VOIX
Quelque part entre l’Hay-les-Roses
Et Bourg-la-Reine et Antony
Entre les roses de l’Hay
Entre Clamart et Antony

CHŒUR (très rythmé)
Craie et silex — craie et silex
Et craie
Et silex et craie et silex et craie
Et silex

UNE VOIX
Entre les roses de l’Hay
Et les arbres de Clamart
Avez-vous vu la sirène
La sirène d’Antony
Qui chantait à Bourg-la-Reine
Et qui chante encore à Fresnes.

CHŒUR
Sol de Compiègne !
Terre grasse et cependant stérile
Terre de silex et de craie
Dans ta chair
Nous marquons l’empreinte de nos semelles
Pour qu’un jour la pluie de printemps
S’y repose comme l’œil d’un oiseau
Et reflète le ciel, le ciel de Compiègne
Avec tes images et tes astres
Lourd de souvenirs et de rêves
Plus dur que le silex
Plus docile que la craie sous le couteau

UNE VOIX
À Paris près de Bourg-la-Reine
J’ai laisse seules mes amours
Ah ! que les bercent les sirènes
Je dors tranquille, oh ! mes amours
Et je cueille, à l’Hay, les roses
Que je vous porterai un jour
Alourdies de parfums et de rêves
Et, comme vos paupières, écloses
Au clair soleil d’une vie moins brève
Pleine d’éclairs comme un silex,
Lumineuse comme la craie

CHŒUR (alterné)
Et craie et silex et silex et craie
Sol de Compiègne !
Sol fait pour la marche
Et la longue station des arbres,
Sol de Compiègne !
Pareil à tous les sols du monde,
Sol de Compiègne !
Un jour nous secouerons notre poussière
Sur ta poussière
Et nous partirons en chantant.

UNE VOIX
Nous partirons en chantant
En chantant vers nos amours
La vie est brève et bref le temps.

AUTRE VOIX
Rien n’est plus beau que nos amours

AUTRE VOIX
Nous laisserons notre poussière
Dans la poussière de Compiègne
(scandé)
Et nous emporterons nos amours
Nos amours qu’il nous en souvienne

CHŒUR
Qu’il nous en souvienne.

 

 

 

Sol-de-Compiegne.JPG

Le mur de l'entrée du Mémorial de l'internement et de la déportation.

Camp de Royallieu, Ville de Compiègne.

 

 

 

Sol de Compiègne 2

  Extrait du poème de Desnos, Sol de Compiègne.

 

 

 

Compiegne.-Mur-des-noms.JPG

  Une petite partie de la liste des noms. Photos JMT.

 


 

F.MAYRAN-Desnos.jpg 

Robert DESNOS

©Francine MAYRAN. 

 




Retrouver les poèmes et articles concernant Robert DESNOS.  

 

 

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 05:01

 

 

 

C'était un bon copain.

 

Il avait le coeur sur la main

Et la cervelle dans la lune

   C'était un bon copain

Il avait l'estomac dans les talons

Et les yeux dans nos yeux

   C'était un triste copain.

Il avait la tête à l'envers

Et le feu là où vous pensez

Mais non quoi il avait le feu au derrière.

   C'était un drôle de copain

Quand il prenait ses jambes à son cou

Il mettait son nez partout

   C'était un charmant copain

Il avait une dent contre Etienne

A la tienne Etienne à la tienne mon vieux.

   C'était un amour de copain

Il n'avait pas sa langue dans la poche

Ni la main dans la poche du voisin

Il ne pleurait jamais dans mon gilet

   C'était un copain,

   C'était un bon copain.

 

Robert Desnos

Corps et Biens

Langage cuit, 1923

 

 


 

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 13:52

 

 

 

Coucher avec elle


Coucher avec elle

Pour le sommeil côte à côte

Pour les rêves parallèles

Pour la double respiration

 

Coucher avec elle

Pour l'amour absolu

Pour le vice pour le vice

Pour les baisers de toute espèce

 

Coucher avec elle

Pour un naufrage ineffable

Pour se prostituer l'un à l'autre

Pour se confondre

 

Coucher avec elle

Pour se prouver et prouver vraiment

Que jamais n'a pesé sur l'âme

Et le corps des amants

Le mensonge d'une tache originelle

 

 

Robert Desnos

Fortunes, 1942

 

 

 

Couple_Amour_Love_Klimt.jpg

 

 

 

klimt.jpeg

 

 

KLIMT

 


 

Ajout à 14h00 ce jour

 

 

Pierre, fidèle et savant lecteur de Nuageneuf nous glisse comme il en a l'usage un précieux commentaire ci-dessous, appelant notre attention sur l'interprétation du poème de Desnos par Yves Montand ! Nous mettons en ligne avec joie la vidéo et le remercions bien vivement. Dès les premières mesurent éclate en bouquet une mélodie composée par Michel Legrand ! Un bonheur pur !

 

Note : Qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas Yves Montand sur la photo ornant la vidéo mais Laurence Harvey qui séduit Simone Signoret. La photo est extraite du film Room at the top (en français Les Chemins de la haute ville) réalisé en 1959 par John Braine.  

 

 


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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 05:14

 

 

 

 

La belle que voilà

 

quand l’âge aura flétri ces yeux et cette bouche

quand trop de souvenirs alourdiront ce cœur

quand il ne restera pour bercer dans sa couche

ce corps aujourd’hui beau que des spectres moqueurs

 

quand la poussière infecte en recouvrant les choses

vêtira d’un linceul les désirs abolis

quand l’amour plus fané qu’en un livre une rose

ne sera plus qu’un nom sous des portraits pâlis

 

quand il sera trop tard pour n’être plus cruelle

quand l’écho des baisers et l’écho des serments

Décroîtront comme un pas la nuit dans une ruelle

ou le sifflet d’un train vers le noir firmament

 

quand sur les seins pendants le ventre qui se ride

Les mains aux doigts séchés durcies par les passions

Et lasses d’essuyer trop de larmes acides

Referont le bilan de leur dégradation

 

quand nul fard ne pourra mentir à ce visage

S’il se penche au miroir jadis trop complaisant

Pour se désaltérer comme au lac d’un mirage

Aux rêves du passé revécus au présent

 

La belle que voilà restera belle encore

Par la vertu d’un feu reflété constamment

aux vitres d’un château dont les salles sonores

seront hantées par ceux qui furent ses amants

 

La belle que voilà ainsi qu’une fontaine

Dont le flot toujours pur sur les marbres disjoints

S’écoule en entraînant d’ineffables sirènes

Pour perdre sa splendeur ne renoncera point

 

Rien ne disparaîtra des ciels qui se reflètent

Malgré la peau fripée et malgré les reins plats

Restera jalousée et présente à la fête

Jeune éternellement la belle que voilà

 

Tant de cœurs ont battu jadis à son attente

qu’une flamme est enclose dans ce corps sans raison

qu’indigne de ces feux elle reste éclatante

Ainsi qu’à l’incendie survivent les tisons

 

Robert Desnos

Youki 1930 Poésie

 

 

 

Eglise St-Pierre, Castellar

...D'un mirage

Aux rêves du passé revécus au présent...

 

 


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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 07:11

 

 

 

Couplet de la rue Saint-Martin

 

 

Je n’aime plus la rue Saint-Martin

Depuis qu’André Platard l’a quittée.

Je n’aime plus la rue Saint-Martin

Je n’aime rien, pas même le vin.

 

Je n’aime plus la rue Saint-Martin

Depuis qu’André Platard l’a quittée.

C’est mon ami, c’est mon copain.

Nous partagions la chambre et le pain.

Je n’aime plus la rue Saint-Martin.

 

C’est mon ami, c’est mon copain.

Il a disparu un matin.

Ils l’ont emmené, on ne sait plus rien.

On ne l’a plus revu dans la rue Saint-Martin.

 

Pas la peine d’implorer les saints,

Saint Merri, Jacques, Gervais et Martin

Pas même Valérien qui se cache sur la colline.

Le temps passe, on ne sait rien.

André Platard a quitté la rue Saint-Martin.

 

Robert Desnos

Etat de veille, 1943

 

 


André Platard, ami de Desnos, résistant, fut fusillé en 1942 par les nazis.

 

 

 

Ci-dessous, bandeau repris sur le site de l'Association Robert Desnos.

 

DESNOS-copie-4.jpg

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 08:09

 

 

 

Passé le pont.

 

La porte se ferme sur l'idole de plomb

Rien désormais ne peut signaler à l'attention publique cette

   maison isolée

Seule l'eau peut-être se doutera de quelque chose

Les clairs matins d'automne la corde au cou plongent dans

   la rivière

Le myosotis petit chien de Syracuse n'appelle jamais

   plus la fermière aux yeux pers de son cri de mauvais

   augure

Du temps de Philippe le Bel à travers les forêts de cristal

   un grand cri vient battre les murs recouverts de lierre

La porte se ferme

Taisez-vous ah taisez-vous laissez dormir l'eau froide au

   bas de son sommeil

Laissez les poissons s'enfoncer vers les étoiles

Le vent du canapé géant sur lequel reposent les murmures

   le vent sinistre des métamorphoses se lève

Mort aux dents mort à la voile blanche mort à la cime

   éternelle

Laissez-la dormir dis-je laissez-la dormir ou bien j'affirme

   que des abîmes se creuseront

Que tout sera désormais fini entre la mousse et le cercueil

Je n'ai pas dit cela

Je n'ai rien dit

Qu'ai-je dit ?

Laissez laissez-la dormir

Laissez les grands chênes autour de son lit

Ne chassez pas de sa chambre cette humble pâquerette à

   demi effacée

Laissez laissez-la dormir.

 

Robert Desnos in Les Ténèbres

 

 

 

Desnos--photo.jpg

 

 


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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 08:16

 

 

 

La grenouille aux souliers percés

 

 

La grenouille aux souliers percés

A demandé la charité

Les arbres lui ont donné

Des feuilles mortes et tombées

Les champignons lui ont donné

Le duvet de leur grand chapeau

L'écureuil lui a donné

Quatre poils de son manteau

L'herbe lui a donné

Trois petites graines.

Le ciel lui a donné

Sa plus douce haleine

Mais la grenouille demande toujours,

Demande encore la charité

Car ses souliers sont toujours,

Sont toujours percés.

 

 

Robert Desnos

 

 

Claude-Monet-Effet-d-automne-a-Argenteuil--1873.JPG

 

...Les arbres lui ont donné

Des feuilles mortes et tombées...

 

 

 

Claude Monet, Effet d'automne à Argenteuil, 1873.

 

 


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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 06:55

 

 

 

L'oiseau du Colorado

 

L'oiseau du Colorado

Mange du miel et des gâteaux

Du chocolat et des mandarines

Des dragées des nougatines

Des framboises des roudoudous

De la glace et du caramel mou.

 

L'oiseau du Colorado

Boit du champagne et du sirop

Suc de fraise et lait d'autruche

Jus d'ananas glacé en cruche

Sang de pêche et navet

Whisky menthe et café.

 

L'oiseau du Colorado

Dans un grand lit fait dodo

Puis il s'envole dans les nuages

Pour regarder les images

Et jouer un bon moment

Avec la pluie et le beau temps.

 

Robert DESNOS

 

 

11.jpg

Illustration : ciel du Touquet, le 17/9/2011.

 

...Puis il s'envole dans les nuages

Pour regarder les images...

 

 


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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 07:36

 

 

Bien qu’averti de l’arrivée imminente de la Gestapo, Robert Desnos refuse de fuir de crainte qu’on emmenât Youki. Ce 22 février 1944, il est arrêté, interrogé et aussitôt incarcéré à Fresnes. Il sera transféré à Royallieu le 20 mars. On connaît la suite. Voici une lettre qu'il envoie à Youki le 15 juillet.

 

 

Lettre à Youki

 

 

 

 

15 juillet 1944.

 

 

 

Mon Amour,

Notre souffrance serait intolérable si nous ne pouvions la considérer comme une maladie passagère et sentimentale. Nos retrouvailles embelliront notre vie pour au moins trente ans. De mon côté, je prends une bonne gorgée de jeunesse, je reviendrai rempli d'amour et de forces ! Pendant le travail un anniversaire, mon anniversaire fut l'occasion d'une longue pensée pour toi. Cette lettre parviendra-t-elle à temps pour ton anniversaire? J'aurais voulu t'offrir 100 000 cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l'appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous. En mon absence achète toujours les fleurs, je te les rembourserai. Le reste, je te le promets pour plus tard.

 

Mais avant toute chose bois une bouteille de bon vin et pense à moi. J'espère que nos amis ne te laisseront pas seule ce jour. Je les remercie de leur dévouement et de leur courage. J'ai reçu il y a une huitaine de jours un paquet de J.-L. Barrault. Embrasse-le ainsi que Madeleine Renaud, ce paquet me prouve que ma lettre est arrivée. Je n'ai pas reçu de réponse, je l'attends chaque jour. Embrasse toute la famille, Lucienne, Tante Juliette, Georges. Si tu rencontres le frère de Passeur, adresse-lui toutes mes amitiés et demande-lui s'il ne connaît personne qui puisse te venir en aide. Que deviennent mes livres à l'impression? J'ai beaucoup d'idées de poèmes et de romans. Je regrette de n'avoir ni la liberté ni le temps de les écrire Tu peux cependant dire à Gallimard que dans les trois mois qui suivront mon retour, il recevra le manuscrit d'un roman d'amour d'un genre tout nouveau. Je termine cette lettre pour aujourd'hui.

 

Aujourd'hui 15 juillet, je reçois quatre lettres, de Barrault, de Julia, du Dr Benet et de Daniel. Remercie-les et excuse-moi de ne pas répondre. Je n'ai droit qu'à une lettre par mois. Toujours rien de ta main, mais ils me donnent des nouvelles de toi; ce sera pour la prochaine fois. J'espère que cette lettre est notre vie a venir. Mon amour, je t'embrasse aussi tendrement que l'honorabilité l'admet dans une lettre qui passera par la censure. Mille baisers. As-tu reçu le coffret que j'ai envoyé à l'hôtel de Compiègne?

Robert

 

 

 

Foujita.jpg 

Illustration : Tsuguharu Foujita.
 Nu à la toile de Jouy,
1922

 

 Man-Ray-le-violon-d-Ingres-1921-.jpg

 

Illustration : Man Ray. Le violon d’Ingres, 1921 

 

 

 

 


 

 

              Pour parcourir les précédentes publications sur Robert Desnos, on clique ici !

 

 

 



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