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29 avril 2015 3 29 /04 /avril /2015 14:11

Nuit de printemps

Le ciel est pur, la lune est sans nuage :
Déjà la nuit au calice des fleurs
Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ;
Aucun zéphyr n'agite le feuillage.

La suite du poème se trouve ici

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22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 03:46

 

 

On lira l'article en cliquant sur le lien ci-dessous :

 

 

http://nuagesneuf.blogspot.fr/2015/04/oskar-groning.html#comment-form

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20 avril 2015 1 20 /04 /avril /2015 13:40

 

 

 

Pour lire cet article (sans l'horrible envahissement de la publicité), on clique

 

 

ici 

 

 

 

 

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17 avril 2015 5 17 /04 /avril /2015 12:50

(info. provisoire pour Louna)

 

 

Pyrame et Thisbé (en grec ancien Πύραμος καὶ Θίσϐη / Púramos kaì Thísbê) sont deux amants légendaires de la mythologie grecque et romaine. Leur histoire, issue de la matière orientale, est à l'intersection du mythe et du romanesque.



Mythe
Les noms de Pyrame et Thisbé sont mentionnés pour la première fois par Hygin, qui rapporte simplement leur suicide. Mais c'est Ovide qui, dans ses Métamorphoses, donne le premier leur légende : Pyrame et Thisbé sont deux jeunes Babyloniens qui habitent des maisons contiguës et s'aiment malgré l'interdiction de leurs pères. Ils projettent de se retrouver une nuit en dehors de la ville, sous un mûrier blanc. Thisbé arrive la première, mais la vue d'une lionne à la gueule ensanglantée la fait fuir ; comme son voile lui échappe, il est déchiré par la lionne qui le souille de sang. Lorsqu'il arrive, Pyrame découvre le voile et les empreintes du fauve : croyant que Thisbé en a été victime, il se suicide. Celle-ci, revenant près du mûrier, découvre le corps sans vie de son amant et préfère se donner la mort à sa suite.






« Ô vous, parents trop malheureux ! Vous, mon père, et vous qui fûtes le sien, écoutez ma dernière prière ! Ne refusez pas un même tombeau à ceux qu'un même amour, un même trépas a voulu réunir ! Et toi, arbre fatal, qui de ton ombre couvres le corps de Pyrame, et vas bientôt couvrir le mien, conserve l'empreinte de notre sang ! Porte désormais des fruits symboles de douleur et de larmes, sanglant témoignage du double sacrifice de deux amants ! »

— Ovide, (trad. G. T. Villenave).

 

C'est de là que viendrait la couleur rouge des mûres d'après Ovide. De fait, dans la tradition latine, le terme de Pyramea arbor (« arbre de Pyrame ») était parfois utilisé pour désigner le mûrier.


Plusieurs récits de l'Antiquité tardive (Nonnos ou le roman chrétien des Recognitiones) rapportent une version sensiblement différente de celle d'Ovide. Situant la scène en Cilicie, ils montrent Thisbé se suicidant la première lorsqu'elle se découvre enceinte (par peur de ses parents), suivie par Pyrame ; les deux amants sont ensuite métamorphosés, Pyrame en fleuve et Thisbé en source. De fait, un fleuve nommé Pyrame coule en Cilicie, cette attestation toponymique semblant montrer que cette version de la légende remonte à une tradition plus ancienne et mieux établie que celle donnée par Ovide.


Évocations artistiques


John William Waterhouse, Thisbé, 1909, collection privée. Thisbé écoute Pyrame qui lui parle à travers la faille du mur

 

 

La légende de Pyrame et Thisbé a inspiré de nombreuses œuvres. La plus célèbre est sans doute Roméo et Juliette de William Shakespeare (1595), qui en reprend librement l'intrigue. Shakespeare a également utilisé ce thème dans Le Songe d'une nuit d'été, où il est joué dans une version parodique pour le mariage de Thésée, duc d'Athènes, et Hippolyte, reine des Amazones.


Au XVIIe siècle, plusieurs tragédies françaises ont été composées sur le thème des amants malheureux : ainsi de Jean Puget de La Serre, Pradon, et surtout Théophile de Viau avec Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé (1621), très appréciée en son temps.


En 1897, Edmond Rostand fait dire à son Cyrano de Bergerac dans la fameuse tirade du nez (acte I, scène 4) :


Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître ! »

 

En référence à l'extrait de la tirade de Thisbé lors de la mort de son amant dans la pièce de Théophile de Viau : « Ah voici le poignard qui du sang de son maître / S'est souillé lâchement. Il en rougit, le traître ! »


Elle inspira également des opéras :


Pyrame et Thisbé, tragédie lyrique en cinq actes et un prologue de François Francœur et François Rebel sur un livret de Jean-Louis Ignace de La Serre (1662-1756) représentée pour la première fois en 1726, reprise et remaniée en 1740, 1759 et 1771.
Piramo e Tisbe de Johann Adolph Hasse, représenté en 1768.
Piramo e Tisbe de Giuseppe Francesco Bianchi.
Piramo e Tisbe de Gaetano Andreozzi.
Piramo e Tisbe de Venanzio Rauzzini.
Piramo e Tisbe de Vincenzo Righini.
Piramo y Tisbe de Luis Mison.

 

 

Et des tableaux :


Pyrame et Thisbé, huile sur bois de Hans Baldung Grien, vers 1530, Berlin, Staatliche Museen ;
Pyrame et Thisbé, huile sur toile de Nicolas Poussin, 1651, Francfort, Stadel Kunstinstitut ;
Pyrame et Thisbé, tableau d'Andrea Boscoli aux Offices de Florence ;
Pyrame et Thisbé, tableau de Gregorio Pagani, Galeria degli Uffizi, Florence.
Thisbe, tableau de John William Waterhouse, 1909, coll. privée.

 

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15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 05:00

 

Yom HaShoah 

Du mercredi 15 avril 2015, 18h30

au jeudi 16 avril 2015, 18h00.

 
   

        

 

"Les noms de ceux dont il ne reste que le nom"

Simone Veil

 

 

 

            À l’occasion de Yom HaShoah, date retenue par l’État d’Israël pour la commémoration de la mémoire des victimes de la Shoah et des héros de la Résistance juive pendant la Seconde Guerre mondiale, le Mémorial de la Shoah organise, pour la huitième année consécutive, en partenariat avec le Mouvement juif libéral de France (MJLF) et l’Association des fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), qui sont à l’initiative de cette cérémonie, et le Consistoire de Paris, la lecture des noms des déportés juifs de France devant le Mur des Noms.

 

           Au cours de cette lecture publique ininterrompue de 24 heures, de jour comme de nuit, sont prononcés, un à un, les noms, prénoms et âges de chaque homme, femme et enfant déporté. Des 76 000 noms inscrits sur le Mur, sont lus ce soir à partir de 18h30 les noms des personnes déportées par les convois n°44 à n°84.

 

        Quelques 200 personnes, anciens déportés, parents, enfants… lisent à tour de rôle, à partir des listes issues du Livre mémorial de la Déportation de Serge Klarsfeld, (éd. Association des FFDJF), les noms de « ceux dont il ne reste que le nom »(Simone Veil).

 

 

 

Memorial.jpg

Le mur des noms au Mémorial de la Shoah, Paris.

 

79 convois ont quitté Drancy entre le 27 mars 1942 et le 17 août 1944. 

Tous les convois de déportation de Drancy partis entre le 27 mars 1942 et le 23 juin 1943, soit 42 convois, sont partis de la gare du Bourget-Drancy.

Tous les convois de déportation de Drancy partis entre le 18 juillet 1943 et le 17 août 1944 sont partis de la gare de Bobigny. (A noter que l'ancienne gare désaffectée de Bobigny, classée en 2005, est devenue officiellement  lieu de mémoire en janvier 2011    

{C}

 

 

 

*  *  *

 

 

Fugue de mort                   

 

Lait noir de l’aube nous le buvons le soir

le buvons à midi et le matin nous le buvons la nuit

nous buvons et buvons

nous creusons dans le ciel une tombe où l’on n’est pas serré

Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit

il écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d’or

écrit ces mots s’avance sur le seuil et les étoiles tressaillent il siffle ses grands chiens

il siffle il fait sortir ses juifs et creuser dans la terre une tombe

il nous commande allons jouez pour qu’on danse

 

Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit

te buvons le matin puis à midi nous te buvons le soir

nous buvons et buvons

Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit

il écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d’or

Tes cheveux cendre Sulamith nous creusons dans le ciel une tombe où l’on n’est pas serré

Il crie enfoncez plus vos bêches dans la terre vous autres et vous chantez jouez

il attrape le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus

enfoncez plus les bêches vous autres et vous jouez encore pour qu’on danse

 

Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit

te buvons à midi et le matin nous te buvons le soir

nous buvons et buvons

un homme habite la maison Margarete tes cheveux d’or

tes cheveux cendre Sulamith il joue avec les serpents

 

 

Il crie jouez plus douce la mort la mort est un maître d’Allemagne

il crie plus sombre les archets et votre fumée montera vers le ciel

vous aurez une tombe alors dans les nuages où l’on n’est pas serré

 

Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit

te buvons à midi la mort est un maître d’Allemagne

nous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvons

la mort est un maître d’Allemagne son œil est bleu

il vise tire sur toi une balle de plomb il ne te manque pas

un homme habite la maison Margarete tes cheveux d’or

il lance ses grands chiens sur nous il nous offre une tombe dans le ciel

il joue avec les serpents et rêve la mort est un maître d’Allemagne

 

tes cheveux d’or Margarete

tes cheveux cendre Sulamith

 

 

Paul CELAN

traduction Jean-Pierre Lefebvre

© Editions GALLIMARD, 1998, pour la traduction française

 

Kiefer.margarethe.jpg

Illustration :  

Anselm Kiefer

Margarete

{C}Huile, acrylique, émulsion et paille sur toile, 280 x 380 cm, Collection particulière.
{C}

 

* * *

 

Le poème original de Paul Celan    

Todesfuge 

                  

Schwarze Milch der Frühe wir trinken sie abends

wir trinken sie mittags und morgens wir trinken sie nachts

wir trinken und trinken

wir schaufeln ein Grab in den Lüften da liegt man nicht eng

Ein Mann wohnt im Haus der spielt mit den Schlangen der schreibt

der schreibt wenn es dunkelt nach Deutschland

     dein goldenes Haar Margarete

er schreibt es und tritt vor das Haus und es blitzen die Sterne

     er pfeift seine Rüden herbei

er pfeift seine Juden hervor läßt schaufeln ein Grab in der Erde

er befiehlt uns spielt auf nun zum Tanz

 

Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts

wir trinken dich morgens und mittags wir trinken dich abends

wir trinken und trinken

Ein Mann wohnt im Haus der spielt mit den Schlangen der schreibt

der schreibt wenn es dunkelt nach Deutschland

     dein goldenes Haar Margarete

Dein aschenes Haar Sulamith wir schaufeln ein Grab in den Lüften

     da liegt man nicht eng

 

Er ruft stecht tiefer ins Erdreich ihr einen ihr andern singet und spielt

er greift nach dem Eisen im Gurt er schwingts seine Augen sind blau

stecht tiefer die Spaten ihr einen ihr anderen spielt weiter zum Tanz auf

 

Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts

wir trinken dich mittags und morgens wir trinken dich abends

wir trinken und trinken

ein Mann wohnt im Haus dein goldenes Haar Margarete

dein aschenes Haar Sulamith er spielt mit den Schlangen

 

Er ruft spielt süßer den Tod der Tod ist ein Meister aus Deutschland

er ruft streicht dunkler die Geigen dann steigt ihr als Rauch in die Luft

dann habt ihr ein Grab in den Wolken da liegt man nicht eng

 

Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts

wir trinken dich mittags der Tod ist ein Meister aus Deutschland

wir trinken dich abends und morgens wir trinken und trinken

der Tod ist ein Meister aus Deutschland sein Auge ist blau

er trifft dich mit bleierner Kugel er trifft dich genau

ein Mann wohnt im Haus dein goldenes Haar Margarete

er hetzt seine Rüden auf uns er schenkt uns ein Grab in der Luft

er spielt mit den Schlangen und träumet der Tod ist ein Meister aus Deutschland 

 

dein goldenes Haar Margarete

dein aschenes Haar Sulamith

 

Paul CELAN

Mohn und Gedächtnis 

© 1952 Deutsche Verlags-Anstalt München

 

 

Kiefer-1.jpg

 

Anselm Kiefer

(détail) 

 

{C}



 

 

 

Yom HaShoah du 11 avril 2010.

JMT-au-Mur-des-noms-au-memorial-de-la-Shoah-a-Paris.jpg  MemorialShoah.jpg

Illustration : une personne se recueille devant le mur des noms au Mémorial de la Shoah, à Paris, le 11 avril 2010, jour de Yom HaShoah. Pendant 24 heures, sans discontinuer, les noms, prénoms et âges des déportés sont lus sur le parvis. Cette année-là ont été lus les noms des convois du 25ème au 66ème. 

 

 

 

 

 

* * *

 

Destination Auschwitz (1942-1944)

 

 

Auschwitzdeportation-42-a-44.jpg 

 

 

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11 avril 2015 6 11 /04 /avril /2015 09:00
La colère du Général

La colère du Général


La scène se passe au paradis :

Sur un petit nuage Yvonne tricote, assise sur un pliant.
Elle voit arriver le général, titubant, la mine défaite, prêt à défaillir.
Après quelques pas, il s’effondre à ses côtés dans un f
auteuil (ou un transat)


Yvonne :
Depuis que de Saint Pierre vous eûtes permission
De retourner sur Terre ausculter la Nation
Sur ce petit pliant j’attends votre venue...
Mais je lis dans vos yeux une déconvenue !
Parlez-moi sans tarder de celle qui toujours
Fut jadis avec moi l’objet de vos amours...

Le général :
Vous voulez dire France à qui j’ai voué ma vie,
Ne cachons point son nom ! Je vous sais gré, Mamie
(Malgré les embarras, les peines, les tracas
Qu’elle a pu vous donner et dont je fais grand cas !)
Pendant aussi longtemps de l’avoir tolérée.

la suite est à lire ici

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8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 05:18

Déjà publié en 2010.

 

 

 

burqaloi_0.jpg

 

 

 

 

DES (mauvais) GENIES, ELFES ET JINNS.

 

 

Excusez-moi, Monsieur, je viens tout droit d'Ispahan, et me voici tout fraîchement débarqué à Paris, la ville lumière qui semble aujourd'hui bien obscure. Peut-être pourriez-vous m'éclairer ?

 

- Mais avec plaisir, cher Monsieur.

 

- Il s'agit du voile intégral. J'ai cru comprendre que les Parisiens, et les Français dans leur ensemble, n'en voulaient pas.

 

- Voilà qui n'est pas faux.

 

- Ce voile cacherait le visage des femmes...

 

- Entre autres, oui.

 

- Il les gênerait dans leur vie de tous les jours...

 

- Leurs nuits ne nous concernent pas.

 

- Les empêcherait de conduire...

 

- Avec nos embarras de circulation...

 

- Et, ajoute-t-on, attenterait à leur dignité de femme.

 

- Il y contribue peu !

 

- Mais on dit, à Ispahan, que votre Assemblée nationale, n'a pas été unanime à voter la loi qui en interdit le port ?

 

 

- C'est vrai.

 

- S'y sont opposés, je suppose, les gens de religion, hostiles à tout changement...?

 

- Eh bien non, justement. Se sont abstenus les députés de gauche.

 

- Les députés de gauche ! Allons donc. Auriez-vous, en France, tout inversé ? Le centre est bien toujours au milieu, rassurez-moi ?

 

- Plus que jamais.

 

- Les Français auraient-ils alors changé de boussole, d'orientation ? Ou de vocabulaire ?

 

- Ils n'en ont pas changé, ils n'en ont plus, Monsieur.

 

- Mais ce doit être terrible, pour un peuple aussi cartésien !

 

- Oh, détrompez-vous, s'ils n'en ont plus, c'est qu'ils en ont trop !

 

- Cela vous dérangerait beaucoup de m'expliquer un peu...Je comprends si mal...

 

- Eh bien notre France, voyez-vous, n'a plus le droit de parler de son identité...

 

- Mais enfin qui donc l'en empêche ? Vous serait-il échu un tyran ?

 

- Si ça n'était qu'un tyran, Monsieur ! Nos ancêtres nous ont appris à nous en débarrasser. Non ! vraiment pas de tyran. Il s'agit plutôt d'un fléau contre lequel les peuples sont impuissants.

 

- Même le peuple français ?

 

- Lui plus qu'un autre, croyez moi.

 

- Que voulez-vous dire ?

 

- Eh bien...Vous pensez vous trouver dans le pays des Droits de l'Homme, n'est-ce pas ?

 

- Certainement. Cela aussi a-t-il changé ?

 

- Cela seul a changé. Vous êtes à présent dans le pays des Devoirs de l'Homme.

 

- Ma foi, je comprenais mal, je ne comprends plus goutte !

 

- C'est pourtant simple: le monde entier vient chez nous pour nous rappeler ses droits, additionnés à ceux qu'il a été persuadé s'être acquis par le passé, ce qu'il appelle des dettes - et il nous somme tous les jours de nous acquitter de nos devoirs...

 

- Et vous consentez à leurs exigences ?

 

- Il s'agit bien de consentir ! Nous y sommes contraints de façon si insidieuse !

 

- Par qui ?

 

- Eh bien par des génies, des elfes, Monsieur. Des petits génies, des purs esprits, des jinns. Ici, là, partout. Nulle part.

 

- N'êtes-vous pas en train de vous approprier les cultures exotiques, cher Monsieur, dont la mienne ?

 

- Bien sûr que si. Vous avez l'illusion de vous trouver dans la France éternelle, une nation généreuse et accueillante, quelle erreur ! Vous êtes dans un pays que les jinns, les petits génies condamnent à renier tout ce qui fut sien, brillamment, par le passé, et à endurer en silence la lente, inexorable imprégnation de ses moeurs, de ses coutumes, par tout ce qui s'y dépose, porté par le vent des déserts, le sable du temps, et les cogitations funestes.

 

- Ce sont réellement d'invisibles esprits ?

 

- Même pas. On ne les aperçoit que trop. Leur orgueil les pousse à s'exhiber. Dans les airs d'abord, ils se suspendent à une sorte de toile, et apparaissent dans des lucarnes plus qu'étranges, où ils chantent, dansent, et, hélas, écrivent un charabia devenu notre langue. Dans des prothèses de villes, ensuite, appelées cités, où ils forment des apatries, des zones de mon-droit. Dans ce pays où, jadis, on aimait voir le beau et le grivois, comme au Moulin Rouge ou aux Folies Bergères, on entend braire les ânes et strip-teaser les belles âmes.

 

- Les belles âmes ?

 

- Oui, ces guides du peuple qui vous enduisent de Morale à tartiner à la moindre syllabe interdite, qui surveillent vos propos et ne châtient rien tant que le mot racisme.

 

Racisme ?

 

- Le racisme, oui, ce poison violent à l'état naturel, transformé par eux en tisane- mort -aux- rats pour nous faire oublier que ce que nous pensons vaut toujours que nous le disions, que la liberté sera toujours plus féconde que ses fruits, et que nous sommes ce que nous sommes pour le rester, afin de ne changer qu'en demeurant nous-mêmes.

 

- Ne pouvez-vous rien contre ces génies ?

 

- Quand l'intelligence se dilue dans sa caricature, quand les poings se cachent au bout des ailes et se font angéliques, quand on ne peut plus trouver noire l'action la plus vile, parce que c'est la discriminer, quand on ne peut plus s'élever contre qui a signé pour un siècle son contrat de victime, quand il faut s'interdire de manger des oranges cultivées sous l'étoile de David, et offrir le beurre, l'argent du beurre, et la burka de la crémière à ceux qui sont prêts à mourir pour un croissant, quand partout, l'absurde et la nuit donnent à ceux qui n'ont rien à dire le droit d'imposer silence à ceux qui tentent encore d'exister, alors, vous savez, mon bon Monsieur...

 

- Oui...J'imagine d'autant mieux qu'à Ispahan, vous savez, les choses ne sont pas  plus...

 

- Je le sais bien, mon pauvre Monsieur...C'est la mondialisation, comme ils disent. Et dire qu’il y a encore des gens qui sont curieux de ce qui se passe sur Mars...

 

- Oui...Comment disiez-vous avant d'être ...racistes ? Les cons comme la lune !

 

- Je vous laisse le dire, je ne le puis plus.

 

 

 

 

 

Ispahan.jpg 

La Grande Mosquée bleue place de l'Imam, Ispahan

 

 

 

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3 avril 2015 5 03 /04 /avril /2015 17:17

 

 

 

 

Rimes de cœur

 

 

De ce temps si vite passé

Rien n’est resté à la patience.

 

Je n’eus pas le temps d’y penser

Ni de faire un traité d’alliance

J’ai tout pris et tout dépensé.

 

Chaque plaisir, chaque malaise

Trouvaient les mots qui font pâlir.

 

Rimes du cœur sous les mélèzes,

La forêt comprend le désir

Et pleurait pour que mieux je plaise.

 

J’ai pris le rire en sa saison

Quand il venait en avalanche.

 

Quand parfumés de déraison

S’ouvraient les jasmins à peau blanche

J’acceptais la comparaison.

 

Il faisait bon si j’étais bonne

Meilleur si je faisais semblant.

 

Les vœux qu’on ne dit à personne

Éveillés par le cri des paons

Chantaient au remords qui fredonne.

 

La neige tombe, ohé ! traîneau

Je vais partir en promenade.

 

La neige anoblit mon manteau

Je suis la reine des nomades

Dans mon lit à quatre chevaux.

 

Je suis la reine sans coutumes

Qui connaît tous les jeux anciens.

 

La parole était mon costume

Et la lune mon petit chien

Jaloux d’un astre qui s’allume.

 

Une larme au bord de mes cils

Je dois poursuivre mon voyage.

 

Beau château restez de profil,

Pour rebroder vos personnages

Je prends mon aiguille et mon fil.

 

Le bonheur est un invalide

Qui passe en boitant comme moi.

 

Il n’a pas l’épaule solide

Mais je sais ce que je lui dois :

Mon cœur est plein, j’ai les mains vides.

 

 

 

 

Louise de Vilmorin

Le sable et le sablier,1945

 

 

 

 

Louise-de-Vilmorin-par-Cecil-Beaton.jpg

@Cecil Beaton

 

 


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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 05:17

 

 

Détail tiré des Lutteurs II et représentant Kiki(*) de Montparnasse.
 

 

 

Conte de fées

 

Il était un grand nombre de fois

Un homme qui aimait une femme

lire la suite clic

 

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 05:18

 

 

 

 

"Quand on aime, l'amour est trop grand pour pouvoir être

contenu tout entier en nous; il irradie vers la personne

aimée, rencontre en elle une surface qui l'arrête, le force à

revenir vers son point de départ et c'est ce choc en retour de

notre propre tendresse que nous appelons les sentiments de

l'autre et qui nous charme plus qu'à l'aller, parce que nous ne

connaissons pas qu'elle vient de nous."

 

 

 

 

 

Campanez.jpeg

 

 

 

 

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Images extraites de l'œuvre télévisée de Nina Campanez

 

 

 

Marie_Laurencin_1927_jeunes_filles_le_baiser_0.jpg

Marie LAURENCIN

Jeunes filles, 1927

 

 

 

 

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