TARDIEU. Ce qui va et vient

Ce qui va et vient 

D'où (lentement) vient ce qui vient ?

D'où émerge ce qui s'élève ?

D'où sort vivement ce qui veut,

ce qui veut être et veut être visible ?

J'assiste je ne sais pas

qui voit qui est vu qui gronde qui se tait

qui demeure qui se disperse

brille par ici s'éteint là-bas

Ce qui veut être

est-ce moi qui ne suis plus ?

Ce qui est tenu n'est pas entendu

Ce qui devait venir n'est pas venu

Ce peu de chose n'est rien.

Mais l'ombre et la lumière (que je connais bien)

tournent autour l'un de l'autre

formant au regard maints objets pleins

par exemple le silence d'une plante

par exemple le poids d'une pierre

ou un simple mouvement

qui va qui s'éloigne qui revient

pendant que je me tiens debout

Quelquefois je marche et ne dis rien.

Comments

[Nuageneuf]

 


 


Bonjour Jacques,


 


Ravi de découvrir à l'instant l'objet de votre réflexion.


A vous dire d'abord combien j'agrée votre conseil de lecture à voix Haute. Bien des fois, je crois avoir suggéré de lire la poésie à voix haute.
Tenez, prenez Henri Pichette,
on imagine difficilement ne pas le déclamer. Ou, pour s'en tenir à Tardieu, La môme néant ne peut se lire qu'à voix haute. Bref.


 


A rappeler à tous qu'on trouve dans ces colonnes une petite vingtaine de poèmes choisis de Jean Tardieu. Pour ce, on activera les liens ou on se reférera aux onglets de la colonne de droite,
intitulée ARCHIVES, Les nourritures terrestres.


 

[Jacques]

Lecture à voix Haute. Plusieurs fois.


Quelle économie dans l'expression !


Et, paradoxalement, quelle force Tardieu en tire !


Les mots les plus courants, comme des éclairs rechargés par l'orage.


Ce dépouillement ouvre, en nous, sur quelque chose qui tient de l'abime.


De l'ultime.