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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 07:00

#488

 


 

La publication du poème assez méconnu de Verlaine, Voeu, avait suscité quelque enthousiasme à l'évocation de ce très beau mot friandise : Oaristys. Le "pauvre" Charles Cros savait lui aussi goûter ce mot, comme nous l'a aimablement signalé une lectrice très passagère, Lyre. Nous l'en remercions.


Sonnet d'Oaristysmucha am thyste

 

 

 

Tu me fis d’imprévus et fantasques aveux
Un soir que tu t’étais royalement parée
Haut coiffée, et ruban ponceau dans tes cheveux
Qui couronnaient ton front de leur flamme dorée.

Tu m’avais dit « Je suis à toi si tu me veux » ;
Et, frémissante, à mes baisers tu t’es livrée.
Sur ta gorge glacée et sur tes flancs nerveux
Les frissons de Vénus perlaient ta peau nacrée.

L’odeur de tes cheveux, la blancheur de tes dents,
Tes souples soubresauts et tes soupirs grondants,
Tes baisers inquiets de lionne joueuse

M’ont, à la fois, donné la peur et le désir
De voir finir, après l’éblouissant plaisir,
Par l’éternelle mort, la nuit tumultueuse.
 
Charles Cros in  Le Coffret de santal


 

      Illustration : Dans l'Art nouveau, Alphonse Mucha (1860-1939) est un des pionniers d'une nouvelle forme d'expression, l'affiche. L'image devient très colorée, comme ci-dessus, cette séduisante jeune femme L'Améthyste, qui appartient à la série des "Pierres précieuses".


 

 Cros (1842-1888)

 

 

 

Nous avions évoqué Charles Cros, en donnant le célèbre Hareng saur, qu'on retrouvera ici. Quelques repères complémentaires sur Charles,     dont le grand père, Antoine Cros, était “professeur de belles lettres” et traducteur de Théocrite. Charles Cros l'évoque en quelques vers :


Vous faisiez des vers très doux
D'après le doux Théocrite
L'Oaristys ! C'est de vous
Qu'en faisant ces vers, j'hérite.


Fils d'un docteur en droit et philosophe, qui dirige les humanités de son fils, Charles Cros (1842-1888) entreprend des études de médecine qu'il n'achève pas. Il rencontre alors Nina de Villard, qui devient sa maîtresse : la jeune femme reçoit dans son salon de jeunes artistes dont beaucoup se rallieront à la Commune. Pendant le Siège de Paris, en 1870, Verlaine l'héberge et lui fait rencontrer Rimbaud. Humaniste, il s'intéresse aussi bien aux sciences qu'à la poésie. Lors de l'exposition universelle de 1867, il expose un télégraphe automatique. Il écrit alors :

Comme les traits dans les camées
J’ai voulu que les voix aimées
Soient un bien, qu’on garde à jamais,
Et puissent répéter le rêve
Musical de l’heure trop brève
Le temps veut fuir, je le soumets

La même année, il travaille à un projet de reproduction des couleurs, des formes et des mouvements. Il pressent le cinéma, le journal parlé. Parallèlement, il fait ses débuts poétiques dans “L' Artiste” en 1869. Son recueil Le coffret du Santal paraît en 1873. En 1874, il est pour un temps rédacteur en chef de “La Revue du monde nouveau”, et publie Le Fleuve, avec des eaux-fortes de Manet. Jusqu'à la fin de sa vie, il continue à collaborer à diverses revues, et écrit de nombreux monologues, dont peu sont publiés. A sa mort en 1888, la plus grande partie de son oeuvre reste inédite.



 


« On meurt d'avoir dormi longtemps. Avec les fleurs, avec les femmes. »

Un émouvant aphorisme de Charles CROS dans Le coffret de santal.

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